[J’ai lu] Cornes de Joe Hill
Voilà, les vacances sont bien finies, il est temps de se remettre à travailler mais aussi à bloguer car j’avoue avoir pas mal délaissé mon blog ces derniers temps.
Il faut dire qu’entre une virée en Canoë sur le Rhône et la publication d’un article, le choix était vite fait et ce d’autant plus que le temps n’ayant pas été particulièrement clément, il fallait savoir saisir sa chance de passer entre les gouttes pour aller dehors.
Et justement puisque le temps a été assez maussade, j’ai pu prendre le temps de lire un peu (ce que je ne fais que trop rarement pendant le reste de l’année) et tout particulièrement un livre qui me faisait envie depuis longtemps : Cornes de Joe Hill.
Pour ceux qui ne connaitraient pas cet auteur, Joe Hill n’est autre que le fils de Stephen King dont j’ai personnellement découvert le travail dans l’univers des comics et tout particulièrement par le biais de la fantastique série Locke and Key (à lire absolument) qui m’a tenue en haleine tout au long de sa parution (plus que Saga c’est dire).
Bref, pour en revenir à Cornes il s’agit du deuxième roman de l’écrivain après le costume de mort et vous constaterez que « la pomme n’est pas tombée très loin de l’arbre » puisqu’il s’agit d’un roman fantastique à tendance horrifique.
Résumé
“Ignatius Martin Perrish passa la nuit ivre, à faire des choses terribles. Il se réveilla le lendemain matin avec une terrible gueule de bois et… une paire de cornes qui lui sortait des tempes.
Au début, Ig croit que les cornes sont une hallucination, celle d’un esprit malade, rongé par la colère et le chagrin. Cela fait un an que Merrin Williams, sa bien-aimée, a été violée et tuée dans des circonstances inexplicables. Depuis, reclus dans sa solitude, il vit un enfer, et il a plus de raisons qu’il n’en faut pour sombrer dans la dépression. Pourtant les cornes sont on ne peut plus réelles.
Jadis, Ig le vertueux faisait partie des privilégiés : né dans une famille riche, second fils d’un musicien renommé et frère cadet d’une star montante de la télé, il avait la sécurité, l’aisance, une place reconnue au sein de sa communauté. Ig avait tout pour être heureux, plus encore il avait Merrin et un amour réciproque, auréolé de magie, fondé sur les mêmes rêves. Mais la mort de Merrin a tout détruit. Seul véritable suspect, Ig n’a pourtant jamais été accusé ni jugé. Et donc jamais innocenté. Pour le tribunal que constitue l’opinion publique de Gideon, sa ville natale du New Hampshire, Ig aura beau dire ou faire, il est et restera toujours coupable, car ses parents riches et influents ont exercé des pressions pour faire boucler l’enquête. Il est abandonné de tous, Dieu y compris. De tous, sauf de son démon intérieur… Et voilà qu’Ig se retrouve soudain doué d’un nouveau pouvoir, assorti à son nouvel aspect et tout aussi terrible, un macabre talent qu’il compte bien utiliser pour retrouver le monstre qui a tué Merrin et détruit sa vie. Être bon, prier… tout ça ne l’a mené nulle part. Il est temps de prendre sa revanche… Il est temps de donner sa part au diable…“
Pour être tout à fait honnête, Cornes m’a laissé une impression mitigée. D’un côté j’ai beaucoup aimé l’énergie voire la fureur qui se dégage de cette œuvre notamment d’Ig dont on comprend aisément la révolte et d’un autre côté je trouve que le titre de Joe Hill a quelques problèmes de rythme notamment lorsqu’il s’attarde sur le passé des protagonistes pour mieux expliquer le présent et leurs actions.
Il faut reconnaître que Joe Hill a un style fluide qu’il sait rendre nerveux à l’envie. Il possède également un humour mordant qui régulièrement fait mouche alors même que le pauvre Ig est entrain de vivre un enfer (au sens propre du terme). En d’autre termes, malgré certains passages un peu lents, Cornes est un titre qui se lit aisément avec même de temps en temps une sorte de jubilation à voir les personnages se mettre à nu et dévoiler leurs pensées les plus noires devant le héros.
Toutefois, il n’en demeure pas moins que l’on peut reprocher globalement à Joe Hill une certaine « fainéantise » concernant son histoire générale qui, quand même, abuse du ressort ô combien peu imaginatif de « la femme dans le réfrigérateur » (woman in a refrigerator). Cela désigne un ressort scénaristique qui consiste à faire mourir; enlever etc… brutalement un personnage féminin en vue de faire progresser l’histoire du personnage masculin principal.
Ici on est malheureusement en plein dedans et j’ajouterai (attention spoiler) que le fait d’insister sur les tendances sociopathes de l’assassin (dont on connait très vite l’identité) comme pour mieux le dédouaner de ses crimes m’a plutôt mises mal à l’aise…
Certes le scénario se rattrape par une pirouette sur la fin mais j’avoue que de ce point de vue Cornes m’a déçue car je pense que Joe Hill a tellement voulu insister sur les sentiments de ses personnages qu’il en oublié de nous offrir une intrigue générale solide ou du moins qui sorte des sentiers battus (ce qu’il avait sur faire dans Locke and Key).
Au final, Cornes est un roman solide que l’on prend plaisir à lire sous réserve d’accepter de fermer les yeux sur une histoire principale assez peu originale et d’accepter de se concentrer sur les autres qualités du livre.
A noter que le roman a été adapté au cinéma où il sortira le 1er octobre prochain avec dans le rôle titre Daniel Radcliffe.